Allergologue et immunologiste au CHU de Nantes, le Docteur Luc Colas constate au fil des années une augmentation du nombre de personnes atteintes d'allergies respiratoires. Il nous dit pourquoi.
C'est un fait qu'on constate dans les sociétés occidentales très industrialisées, il y a une augmentation du nombre d'allergiques. Tout d'abord, il existe un facteur héréditaire : un enfant dont les deux parents sont allergiques a plus de risque de l'être lui-même que dans le cas contraire. Mais cette composante génétique ne peut expliquer à elle seule la fréquence de l'allergie.
Notre manière de vivre et notre environnement influencent notre fond génétique. De nombreuses études l'ont montré. Par exemple, celle qu'une pédiatre allemande a réalisée au moment de la chute du mur de Berlin. Elle a étudié des familles qui avaient été séparées et avaient vécu pour une partie à l'Est et l'autre à l'Ouest. Les enfants d'une même famille, c'est-à-dire ayant le même patrimoine génétique, étaient plus allergiques lorsqu'ils avaient grandi à l'Ouest. Le mode de vie plus rural de l'Allemagne de l'Est avait protégé les enfants.
Cette empreinte à la fois génétique et environnementale à développer certaines maladies allergiques (rhinite, asthme, allergie alimentaire, eczéma) est appelée atopie. La perte de la biodiversité joue sans doute un rôle. Notre environnement s'est "appauvri", ce qui a modifié notre microbiome : les milliards de bactéries, virus et champignons qui vivent en symbiose dans notre corps (intestin, peau, poumons, par exemple). Cet appauvrissement de la biodiversité et notamment du microbiome est résumé sous le terme "théorie de l'hygiène", associée à nombre de nos maladies inflammatoires actuelles dont les allergies et l'asthme.
Il a un impact sur l'environnement. L'augmentation des températures modifie la nature et la quantité de pollens auxquels nous sommes exposés. Parallèlement, la pollution change également leur composition et les rend plus allergisants. Les pollens sont devenus des "polluens". Ils vont générer plus de réactions inflammatoires avec à terme un risque d'augmentation des allergies. Dans ce cas, la modification de l'environnement par l'humain induit un retour défavorable.
On va plutôt réduire le risque atopique, c'est-à-dire le risque de développer ces pathologies liées à l'environnement. Par exemple, lorsqu'un jeune enfant a un eczéma atopique, qui est une des premières manifestations de l'atopie, il est conseillé d'hydrater sa peau. En parallèle et contrairement à ce qu'on a pensé pendant des années, il est conseillé d'introduire précocement (4-18 mois) des aliments réputés allergisants comme l'œuf ou encore la cacahuète chez les enfants à risque atopique. Un allergologue saura vous conseiller et vous accompagner dans cette démarche.
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