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Les gummies : la spiruline n’échappe pas à la tendance
Les gummies gagnent en popularité au sein du marché des compléments alimentaires et se retrouvent mis en avant dans les officines. Si les gommes à la spiruline n'échappent pas à cette tendance, pourquoi ne sont-elles pas si bienveillantes qu'il n'y paraît ?
"Gummies" est un terme anglais qui signifie "gommes". Cet anglicisme est aujourd'hui popularisé en France dans le domaine des compléments alimentaires pour désigner une galénique qui correspond, en réalité, à des bonbons gélifiés enrichis en ingrédients "actifs".
Les gummies impliquent l'utilisation d'additifs
Pour donner à la gomme sa texture attrayante et son goût sucré, les fabricants doivent nécessairement ajouter une certaine quantité d'additifs et d'édulcorants. Si ces ingrédients rendent l'expérience culinaire plus appétissante, ils ne devraient pas, dans un monde idéal, être inclus dans les compléments alimentaires prétendant être "naturels".
Les gummies ne peuvent faire sans les additifs
Les additifs utilisés dans les gummies sont principalement les colorants, les arômes et les conservateurs : soient des substances non actives qui n'apportent aucune valeur nutritive et qui ne sont pas sans inconvénients santé. En outre, la présence d'additifs dans les gummies à la spiruline les rend ultra-transformés et non naturels, contrairement à la microalgue elle-même.
Les édulcorants : ces additifs à risque au goût sucré
Les édulcorants ajoutés aux gummies (sirop de glucose, sirop de saccharose, etc.), servent à masquer le goût parfois désagréable des produits naturels (la spiruline n'est pas connue pour avoir un goût particulièrement appétissant). Ces sucres ne sont guère recommandés, en particulier pour les personnes atteintes de diabète ou qui cherchent à perdre du poids : il est prouvé [1], et de plus en plus évident, que la consommation excessive d'édulcorants engendre une dépendance au (vrai) sucre et favorise des habitudes alimentaires malsaines ainsi que des troubles de l'humeur [2]. En plus des impacts défavorables sur la glycémie, la sensibilité à l'insuline et la quantité de nourriture ingérée, l'Inserm [5, 6] alerte, en 2022, sur l'association entre la consommation d'édulcorants et l'augmentation du risque de cancer et de maladies cardiovasculaires.
Des gummies faiblement dosés en spiruline : le cœur du problème
L'un des principaux problèmes avec les gummies "à la spiruline" est justement leur très faible teneur en spiruline ! En effet, la quantité de spiruline présente dans chaque gomme est insignifiante alors que les comprimés (de qualité) offrent une composition 100% spiruline.
- Dans un comprimé de spiruline de 0,5 grammes (500mg), nous avons 500mg de spiruline pure (soit 100%).
- Dans une gomme de 3 grammes (3000mg) - de marque la Vitascorbol par exemple - nous avons 100mg de spiruline (soit à peine 3,33%) et 45mg de vitamine C synthétique (acide L-ascorbique).
| Spiruline en mg | Spiruline en % | Ingrédient(s) | |
|---|---|---|---|
| Comprimé (500mg) | 500mg | 100% | Spiruline. |
| Gomme (3g) | 100mg | 3,33% | Fructo-oligosaccharides, eau, spirulina platensis, stabilisants : pectine, agar agar, amidon de tapioca ; acide L-ascorbique (vitamine C), arôme naturel fruits rouges, acidifiant : acide citrique, correcteur d'acidité : citrate trisodique, agent d'enrobage : cire de carnauba, sucres naturels. |
Techniquement, il est impossible d'ajouter plus de 10% d'actifs dans une gomme, car en trop grande quantité, ils empêchent son façonnage. Pour le reste, les gummies sont des bonbons fabriqués à partir de gélifiants. En plus du sirop de glucose et des édulcorants, ils se composent d'une multitude d'ingrédients annexes (arômes, de colorants, de stabilisants, d'acidifiants, d'agents d'enrobage, etc.). L'acide citrique (souvent présent dans les gummies) n'est pas sans danger puisqu'il a pour effets d'éroder les dents et d'abimer l'émail, tout en fragilisant les gencives.
Une teneur insuffisante pour obtenir les bienfaits allégués
Pour tirer profit des bienfaits de la spiruline, il est généralement conseillé d'en consommer 3 par jour. Or, avec une consommation raisonnable de gummies, il est impossible d'atteindre ce seuil. Si vous consommez ceux de la marque mentionnée précédemment, vous remarquerez qu'une boîte en contient 30 et que chaque gomme contient 100mg de spiruline.
Pour atteindre les 3 g de spiruline recommandés, vous devrez consommer une boîte entière de gummies par jour, rien que ça !
Un faible intérêt nutritionnel
En raison de leur faible teneur en spiruline, les gummies contiennent une quantité anecdotique des principes actifs que l'on trouve naturellement dans la microalgue. Les nombreux bienfaits que l'on associe à la spiruline ne peuvent être raisonnablement retrouvés dans ce format. Dans le cas précédent, la marque communique finalement davantage sur les bienfaits de la vitamine C (qui est présente sa forme chimique).
Un prix de vente élevé
Les gummies sont vendus au prix fort alors qu'ils ne contiennent qu'une quantité minime de substances actives. Comme vu avant, pour une gomme de 3000mg "à la spiruline", on a seulement 100mg de spiruline : en réalité, nous payons un prix très élevé pour, essentiellement, des ingrédients annexes inutiles en matière de santé. Comme pour tous produits, faites toujours attention à l'étiquetage et vérifiez la quantité de spiruline réelle contenue avant d'acheter des produits dérivés à la spiruline.
Le marketing au service d'un produit de "santé" ?
Les fabricants de gummies jouent clairement sur l'émotionnel et le côté ludique pour les rendre attrayants aux yeux des consommateurs. En présentant leurs compléments sous forme de friandises colorées et amusantes, (via les influenceurs notamment) ils ont réussi à générer un engouement autour de leurs produits.
Un format peu sérieux pour un produit de "santé"
La prise de compléments alimentaires doit être considérée avec sérieux et ne devrait pas être assimilée à une expérience récréative. En optant pour des gummies, vous risquez de minimiser l'importance de la démarche visant à améliorer sa santé et son bien-être. Le format "bonbons" des gummies, associé aux habitudes de consommation excessives bien ancrées, peut également augmenter le risque de surconsommation [3]. En outre, si la spiruline est un complément alimentaire fort intéressant pour les enfants, il n'est guère sensé de leur donner ce type de friandise en pensant que cela pourrait leur être bénéfique.
En jouant sur les émotions des consommateurs, les fabricants de gummies incitent le consommateur à prendre des décisions impulsives, sans tenir compte des inconvénients potentiels.
On ne peut pas à la fois être un bonbon et un produit santé. Cela représente un apport en sucre non négligeable et surtout cela brouille le message. Un complément alimentaire ne doit représenter aucun inconvénient pour la santé.
Laurence Plumey, médecin-nutritionniste [4]
Les gummies à la spiruline : les industriels exploitent la tendance
Les gummies à la spiruline peuvent sembler, de prime abord, être une solution pratique et amusante pour intégrer cette microalgue dans son alimentation. Toutefois, du fait de leur teneur élevée en additifs, de leur taux de transformation élevé, de leur faible dosage en spiruline et de l'approche marketing axée sur l'émotionnel, nous déconseillons d'acheter de la spiruline sous ce format. La mode des gummies a néanmoins le mérite d'avoir pour impact de démocratiser davantage la spiruline au plus grand nombre : les grands industriels n'hésitent pas à faire de la publicité en masse, sur les réseaux, en pharmacies, voire à la TV.
Succomber à la mode des gummies est, en définitive, une assez mauvaise idée lorsque l'on souhaite complémenter son alimentation en spiruline. La spiruline, sous sa forme brute (brindilles, comprimés, fraîche, etc.), sera toujours la meilleure des formes de consommation. Les comprimés (100%) permettent un dosage précis et garantissent l'intégrité de l'algue, sans transformation. N'oubliez pas que la prise d'un complément alimentaire doit être basée sur des choix réfléchis et pertinents. Globalement, éloignez-vous des concepts "innovants" et des formes de consommations gourmandes ou faussement ludiques dès lors qu'il s'agit de l'achat de produits naturels.
Références :
- Russell, C., Baker, P., Grimes, C., Lindberg, R., & Lawrence, M. A. (2022). Global trends in added sugars and non-nutritive sweetener use in the packaged food supply: Drivers and implications for public health. Public Health Nutrition, 1-13.
- Knüppel, A., Shipley, M. J., Llewellyn, C. H., & Brunner, E. J. (2017). Sugar intake from sweet food and beverages, common mental disorder and depression: prospective findings from the Whitehall II study. Scientific reports, 7(1), 1-10.
- Lam, H. S., Chow, C. M., Poon, W. T., Lai, C. K., Chan, K. C. A., Yeung, W. L., ... & Ng, P. C. (2006). Risk of vitamin A toxicity from candy-like chewable vitamin supplements for children. Pediatrics, 118(2), 820-824.
- Les gummies, ces compléments alimentaires aux airs de bonbons, BFMTV.com, Céline Hussonnois-Alaya, 18/02/2021
- Debras, C., Chazelas, E., Srour, B., Druesne-Pecollo, N., Esseddik, Y., de Edelenyi, F. S., ... & Touvier, M. (2022). Artificial sweeteners and cancer risk: Results from the NutriNet-Santé population-based cohort study. PLoS medicine, 19(3), e1003950.
- Debras, C., Chazelas, E., Sellem, L., Porcher, R., Druesne-Pecollo, N., Esseddik, Y., ... & Touvier, M. (2022). Artificial sweeteners and risk of cardiovascular diseases: results from the prospective NutriNet-Santé cohort. bmj, 378.
J'explore depuis près de 20 ans les publications de la littérature scientifique qui concernent la spiruline, ses composants et plus largement, les microalgues. Je m'efforce de fournir des articles sourcés et régulièrement vérifiés en fonction des nouvelles données de la recherche.
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